NOAH LUNSI : Les nouveaux défis du « chouchou » du web

Contrôle d’identité stp ?
Je suis Noah Lunsi, originaire de Sevran dans le 93. Je suis humoriste, de base, et maintenant, j’essaie de chanter. Je me décrirais plus comme un entertainer puisque je touche un peu à tout. J’ai des cheveux blonds, je suis tatoué et j’aime les grosses caisses (rires).

Revenons sur ton parcours. Comment as-tu réussi à capter la lumière, d’où est parti ton buzz ?
Cela va faire 4 ans, en décembre 2017, que j’ai commencé les vidéos. C’était une sorte de vibe, comme on dit, à l’époque. Quand j’ai commencé, il y avait Newlife, Jaymax et moi. J’étais footballeur, je suis rentré d’Italie parce que mon contrat s’était terminé. J’ai fait une première vidéo pour le délire et ça a pété d’un coup, sans le savoir. Du coup, les gens ont commencé à me demander de refaire des vidéos, mais je leur répondais que je ne suis pas un humoriste (rires). Finalement, j’ai continué à en faire et c’est monté petit à petit, je suis un pur autodidacte.

Et quel a été le tournant pour te dire que tu allais en faire quelque chose de professionnel et axer ton début de carrière sur cette voie-là ?
Sincèrement, c’est quand ma mère m’a dit que ses copines, les enfants de ses copines… regardaient mes vidéos. À mon avis, c’est le parcours de tout débutant, que ce soit en foot, en musique, etc. C’est toujours en secret, d’abord. On ne va jamais le dire à ses parents parce qu’ils n’ont que l’école en tête. Pour ma part, quand j’ai arrêté le foot à 26 ans, je ne l’ai pas dit à ma mère pour qu’elle ne m’interroge pas dessus. Donc, c’est à partir du moment où j’ai vraiment réalisé que mon image devenait impactante, que le regard des autres changeaient et que tout le monde parlait de moi que les choses ont commencé à se faire naturellement. J’ai commencé à développer, à faire des vidéos plus structurées, un peu mieux construites. Dès que j’ai une idée en tête, je fais une note vocale, peu importe où je suis, même si je suis en train de chier (rires).

Tu as un look qui ne passe pas inaperçu. Tes tatouages signifient-ils quelque chose ?
J’ai toujours aimé le style et la mode comme tout Congolais qui se respecte. Concernant les tatouages, j’ai commencé à l’âge de 22 ans. J’aime beaucoup l’art, tout ce qui est visuel et cela fait partie de moi.

Tu as notamment un tatouage « Sevran » tagué sur la largeur de ton dos. On sent qu’avec des artistes tels que Kalash Criminel ou Kaaris, vous formez une grande famille ?
Il y a même d’autres artistes sevranais que l’on pourrait citer : 13 Block, Xo… C’est Kaaris, en premier, qui a mis un peu la lumière sur la ville. À Sevran, à partir du moment où il y en a pour un, pour nous, il peut y en avoir pour dix. Et ne t’étonne pas si demain, le prochain Président vient de Sevran (rires). On n’a pas spécialement de stratégies concertées. On se parle beaucoup, on se conseille sur certaines choses, on se donne beaucoup de force, notamment dans les clips et tout se fait naturellement.

Aujourd’hui, tu fais de la musique… Est-ce un délire du moment ou tu as vraiment envie de t’y consacrer ?
Franchement, rien ne va sans délire. Même ma vie je crois, c’est un délire, c’est bizarre. Sincèrement, je ne suis pas un chanteur parce que ce serait manquer de respect à ceux qui ont pris des cours de chant depuis toujours (rires). J’essaie juste d’apporter ce que je peux et d’ambiancer. J’estime avoir une mini base et j’essaie de progresser. J’ai voulu que les gens voient une autre facette de moi et j’ai été très agréablement surpris du retour du public, mais le jour où les gens me diront : « Ecoute, c’est pété, maintenant, tu peux arrêter s’il te plaît ? », j’arrêterai (rires). Hormis la musique, il y a le stand up qui arrive, les gens vont encore me voir sous une autre facette. Ce ne sera pas des vidéos de blagues, mais un tout autre univers. Il est important de toujours se renouveler.

On imagine que le step ultime serait le cinéma. Selon toi, que manque-t-il ?
Effectivement, mon but ultime est le cinéma. En France, il faut respecter certains paliers. Tu ne peux pas venir tout de suite : « Eh, j’ai fait des millions de vues, je veux faire du cinéma », non, il faut que tu prouves certaines choses avant. Maintenant, j’ai l’impression que les personnes de l’industrie sont sceptiques lorsqu’il s’agit des vedettes du net. À nous de créer notre propre économie, une économie qui accepterait de prendre des risques avec de jeunes talents noirs.

Quel est ton rapport avec le Congo ?
Je suis né ici, je ne suis encore jamais allé au Congo, pourtant si tu m’entends parler lingala, tu peux croire que je viens d’arriver. Le Congo, c’est en moi, je pense à ma jeunesse, les mamans qui
crient, la rumba, les plats de chez nous… On va bientôt être booké à Kinshasa et je vais en profiter pour rester plus longtemps.

Si je te dis ROOTS, tu me dis…
Quelque chose de vrai !

Édition n°20 – Spécial Kongo

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