MARIÈME SALL : Fondatrice de Paul’Elle

Entretien avec une jeune Sénégalaise créatrice de chaussures et maroquinerie, mais pas que…

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Je m’appelle Marième Sall, j’ai 24 ans et je suis Sénégalaise. Je suis également connu sous mon surnom : Paul Elle, qui est aussi le nom de ma marque de vêtements.

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Vous êtes un chef d’entreprise « touche-à-tout ». Revenons sur votre parcours, en commençant par la création de Paul Elle

Paul Elle a commencé quand j’avais 19 ans. C’est l’époque où je cherchais un style que je ne trouvais pas. Je n’ai pas une idée de la mode arrêtée, je peux mettre un peu tout et n’importe quoi. J’ai donc commencé à réaliser mes propres tenues. Les autres élèves m’ont encouragé et eux aussi voulaient que je leur confectionne des pièces. J’ai donc été voir mon tailleur à la fois pour mes commandes et celles de mes camarades. Je me suis alors posée et j’ai réfléchi : Pourquoi serais-je juste l’intermédiaire de mes amies ou des amies de mes amies ? Je peux carrément lancer ma propre marque et faire de ma passion une activité prospère. Quelques mois après mes débuts, des personnes qui organisent souvent des défilés au Sénégal ont repéré m’ont travail, m’ont invité à participer à un show et c’est ainsi que tout a réellement démarré.   

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Quel est l’A.D.N de Paul Elle ?

Le savoir-faire africain. Ce qui m’a étonné le plus lorsque j’ai commencé dans ce milieu est le savoir-faire incroyable des Sénégalais. Ils arrivaient à donner vie à toutes mes idées de création, malgré la complexité parfois de certains modèles imaginés pour mes sacs à main et chaussures, qui sont les produits que je vends principalement. C’est donc cette excellence sénégalaise qui marque l’A.D.N de Paul Elle.

Si vous aviez une baguette magique, quelle serait l’égérie parfaite pour représenter la marque ?

Je choisirais une femme porteuse de voix, ces femmes que l’on appelle des « change makers ». Je pense naturellement à Michelle Obama, Naomi Campbell qui ne vieillit pas, ou encore Imane.

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Ce numéro est un spécial Sénégal/Gambie. Que représente le Sénégal pour vous ?

Le Sénégal est ma muse. J’y retrouve le potentiel que j’ai toujours recherché, c’est ma source d’inspiration, c’est un vécu, ce sont des images. Le Sénégal m’a forgée et représente tout ce que je suis devenue. Le Sénégal m’a permis de rencontrer de nombreuses femmes fortes qui se battent tous les jours, notamment dans ma famille. Le Sénégal, c’est ma vie.

Au-delà de la mode, vous avez également développé une activité de wedding planner…

Suite à mon diplôme en 2018, j’ai eu à travailler avec l’agence qui m’a fait la formation, en qualité de stagiaire sur de nombreux mariages organisés. Depuis maintenant un an, je vole de mes propres ailes. Petit à petit, je développe ma clientèle. J’ai déjà organisé quelques mariages et c’est également une activité dans laquelle je m’épanouis pleinement. J’aime l’organisation, la décoration, la relation client… C’est un secteur complémentaire à la mode.

Enfin, vous cumulez une dernière casquette dans l’immobilier…

Je travaille effectivement dans l’immobilier. Cela me permet d’assurer mes arrières et ne pas subir les aléas de la vie de l’entrepreneur. Je fais des transactions d’immeubles en bloc ou de la transaction sur des terrains. Hormis l’immobilier, j’ai été nommée « Woman Deliver 2018 », ce qui consiste à penser et réfléchir avec des gens qui se battent pour les droits de la femme et des jeunes. Je suis porteuse de voix dans ce sens et je fais tout ce qui est possible pour véhiculer un message important. J’aimerais que les femmes comprennent qu’elles ne doivent pas se fixer de limites et qu’elles doivent mettre toutes les chances de leur côté pour mettre sur pied leurs projets. Je me bats en permanence pour les droits et l’émancipation des femmes, leur expliquer qu’elles peuvent s’occuper de la famille, du mari et des enfants mais qu’elles ont aussi le droit de s’épanouir et d’être libres de rêver.

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?

C’est la liberté, le droit de rêver comme je le disais précédemment. On a une grande chance, en France, d’avoir un magazine comme le vôtre qui nous représente et nous donne la possibilité de nous exprimer pleinement !

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Édition ROOTS n°22 – Spécial Djolof