Les stars afro-américaines retrouvent leurs racines

Si on replonge dans nos leçons d’histoire géographie, ou tout simplement, si notre curiosité à en savoir plus sur notre héritage historique nous pousse à percer chaque mystère de notre passé, nous savons que la traite négrière et l’esclavage ont mené nos ancêtres en Amérique. Occultons certains détails de l’histoire pour  en arriver  à la fin de cette période de servitude et ce qu’elle a engendré. Plusieurs siècles d’esclavage,des cicatrices encore douloureuses du passé certes, une communauté dans l’expectative, mais cependant la traite des noirs  laisse héritage une descendance: les Afro américains. Cette communauté représente aujourd’hui 13.6% de la population américaine. Dans « Afro américain » il y a « américain » oui mais aussi « afro ». S’ils semblent après beaucoup de tumultes ségrégationnistes s’être réconciliés avec l’Oncle Sam, les afro américains  entretiennent une relation encore fragile avec leur Mère Afrique.Heureusement comme le dit si bien l’adage «Il n’est jamais trop tard». Et de nombreuses œuvres littéraires et/ou cinématographies ont apporté quelques réponses à un arbre généalogique brumeux…

Alex Haley  écrivain afro américain auteur de « Racines » (1976) (en anglais «Roots»: The Saga of an American family ) et qui s’était rendu en Gambie pour cette biographie, a mis en lumière grâce à des faits réels et fictifs la quête de son ancêtre mandingue Kunta Kinte capturé et déporté en Amérique comme esclave. De son histoire naitra celle de toute une saga familiale en quête perpétuelle de leurs origines et la revendication de leur couleur de peau. Le livre inspire un film série et tous deux sont un succès et confirment ce désir de certains afro américains de connaitre leur origine mais également de perpétuer cette curiosité et ce savoir.

Au fil des années, les afro américains ont voulu renouer les liens ancestraux qui les unissent à l’Afrique. De célèbres personnalités ont d’ailleurs foulé le sol de la Terre dont ils sont originaires.

L’un des exemples les plus symboliques et marquants de l’histoire n’est autre que Cassius Marcellus Clay Junior plus connu sous le nom de Mohamed Ali. Un boxeur qui a marqué le sport, l’histoire et le combat contre la ségrégation raciale et la lutte pour les droits civiques qui ont touché les Etats Unis. Le stade Tata Raphael (autrefois stade du 20 mai) en République démocratique du Congo ancien Zaïre a accueilli le plus beau combat de son histoire avec la confrontation des boxeurs Mohamed Ali et George Foreman en 1974. Dans « Ali » (2001) avec Will Smith dans le rôle de Mohamed Ali, les retrouvailles entre le boxeur et la terre de ses ancêtres et cette population zaïroise qui porte en elle force, courage et générosité est un des temps forts du film.

La mode décortique certaines matières vestimentaires comme le wax ou le pagne, pour le plus granad plaisir des afro américaines qui découvrent ou redécouvrent et arborent de plus en plus des tenues africaines comme Alicia Keys ou encore Solange Knowles en Boxing Kitten s’il faut citer les nouvelles adeptes de cette inspiration ethnique.

Dans le domaine musical, la richesse africaine a su séduire ses descendants américains.

Olivia Longott, ex membre du G.Unit, groupe de rap dont le leader est 50Cent, avait fait un featuring en 2009 avec le chanteur et danseur congolais Fally Ipupa. Un titre très «rnb»  mais où l’on notera que Fally Ipupa chante dans sa langue natale : le lingala. « Chaise électrique » est une alliance entre l’anglais et le lingala et un mariage entre l’Amérique  et l’Afrique. Souvenez vous aussi du célèbre titre de Michael Jackson « Wanna be startin’ somethin’» et de l’entraînant « mama say mama sa mama coosa » qui fut inspiré par  l’artiste camerounais Manu Dibango.

Après le roi de la pop, c’est  Beyoncé Knowles qui s’y colle. En effet, dans son dernier album « 4 », elle invitait le groupe mozambicain Tofo Tofo sur la chorégraphie de « Run the world ».

Et au-delà de la sphère artistique, les afro américains sont partis en quête génétique.

Et oui « les Experts » ce n’est pas que de la fiction.

Pour des sommes allant de 200 à 2000 et un prélèvement salivaire il est possible de retracer notre histoire génétique et donc de définir les origines géographiques de nos ancêtres et par là découvrir d’où nous sommes originaires. Si en France ce recours est illégal sauf  en procédures judiciaires, aux Etats Unis, le phénomène ne fait que croitre. Près de 8000 afro américains se sont soumis au jeu du test ADN et une centaine d’entre eux ont fait le déplacement pour découvrir la Terre de leurs aïeux.

En 2005, l’acteur Isaiah Washington découvrait après des tests ADN qu’il était originaire du Sierra Leone. Il part donc à la découverte de la terre du peuple mende, ethnie de Sierra Leone. La magie opère et l’acteur demande même la nationalité sierra léonaise qu’il obtient. Là bas, il a été nommé chef d’un village, il y a créé une fondation pour venir en aide au pays et le bon samaritain a versé près de 1 million de dollars pour construire une école, restaurer un hôpital et préserver le site d’une forteresse esclavagiste britannique sur l’île de Bunce.

D’autres personnalités comme récemment Condoleezza Rice, ancienne secrétaire d’état américaine,ou encore Spike Lee célèbre réalisateur, le producteur Quincy Jones, les acteurs Forest Whitaker et Chris Tucker seraient originaires du Cameroun. Whoopi Goldberg, quant à elle, serait originaire de Guinée Bissao.

Les années passent  et  au final on constate que le passé reste présent. Certains afro américains semblent partager la citation « pour savoir où l’on va il faut savoir d’où l’on vient ».

Édition : ROOTS n°6