LESLIE JOSÉPHINE-TALLY : Martinique Ambition Jeunes

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Leslie Josephine Tally, j’ai 22 ans, je suis étudiante à SciencesPo Paris et présidente de l’association Martinique Ambition Jeunes. J’ai fait 2 ans à Sciences Po Paris dans un cursus assez généraliste, ensuite je suis par- tie en Afrique du Sud, à Johannesbourg, en université et ce fut une très belle expérience. J’y ai découvert une Afrique de défis, de challenges et d’opportunités. L’enseignement fut très enrichissant en termes de pensée critique, m’a permis de me questionner. C’est ce qui m’a rapproché de ma Martinique. J’ai repris les cours à SciencesPo en master affaires publiques filière collectivités, car j’ai un intérêt pour le secteur local.

Parlez-nous de la naissance de votre association Martinique Ambition Jeunes (MAJ)…

Nous avons fondé cela avec un second étudiant de SciencesPo, Jordan Eustache. L’idée de départ était de se dire « chacun ramène 5 person- nes avec des profils différents, tous passionnés de la Martinique ». Nous allons réunir une dizaine de jeunes et voir ce que nous pouvons faire. Notre première réunion a eu lieu en Novembre 2013 et l’alchimie a opéré. Il n’y avait pas encore d’association qui réunisse les jeunes originaires de la Martinique, ambitieux et qui veulent agir pour l’île quelque soit son cursus ou ses orientations. Nous avons voulu axer sur deux aspects, avec en premier lieu : la mobilité des jeunes martiniquais (al- ler et retour). Quand ils arrivent en métropole, les jeunes ultra-marins sont accueillis par des parrains qui ont eu aussi vécu cette expérience de mobilité pour écarter tout ce qui pourrait nuire à leur réussite et leur laisser le chemin libre de toute entrave pour accomplir avec succès ce qu’ils sont venus faire en métropole. Le second enjeu est de former un réseau socio-professionnel avec des étudiants ou jeunes actifs qui veulent découvrir les potentialités en Martinique, car tout est à faire et créer. Cet esprit d’entreprendre doit être boosté, c’est même un devoir, face à la pénurie d’emplois sur place.

Y a-t-il des ponts entre les différentes associations d’Outre-Mer, on pense à Black Business Union ou Outre Mer Network, notamment ?

Ils existent des passerelles. Nous nous partageons tous les évène- ments, les offres d’emplois, etc.

Quelle est la dimension que vous aimeriez donner à court, moyen et long termes à la MAJ ?

À court terme, la Majic Team souhaite consolider son implantation à Paris et s’agrandir avec ses nouvelles antennes situées en Martinique et à Bordeaux afin d’accompagner et de mobiliser un maximum de jeunes Martiniquais.

À moyen terme, nous souhaitons axer davantage nos actions sur la mobilité retour pour permettre aux porteurs de projets de revenir au pays et redynamiser l’économie locale.

À long terme, la MAJ deviendra le référent incontournable des jeunes Martiniquais audacieux, mais aussi de tous les acteurs in- vestis dans l’émergence de cette nouvelle génération.
Un message à nos lecteurs caribéens ou non ? Toujours persévérer, « ne pas se laisser ancrer », comme le disait Frantz Fanon. Si on a une idée, on fonce tout droit. Avoir des ambitions, des inspirations. Derrière chaque grande femme, se trouvent de plus grandes femmes encore.

Tes inspirations ?

Mes grands-mères. Ma définition de la femme noire est une femme forte, indépendante, brave et digne. Dans ma langue, nous l’appelons « une femme potomitan » c’est à dire « le pilier du milieu ». Honorons cette mémoire et ce qu’elles nous ont transmis pour les rendre fières.

Si je vous dis ROOTS ?

Cela m’inspire un proverbe : « they try to bury us but they didn’t know that we were seeds ». Le magazine ROOTS m’évoque le sentiment que nous sommes à la fois fidèles à nos racines, mais nous évoluons et nous ouvrons vers le monde pour tendre vers l’excellence.