LA DOT : Qui est la femme la plus « cotée » d’Afrique ?

Pas de dot, pas de mariage. C’est en ces termes que se pose encore maintenant la question du mariage dans de nombreux pays africains. Une union matrimoniale est souvent une alliance entre deux clans. l’accord de la bru n’est pas suffisamment :les parents, mais aussi le cercle familial élargi doivent être en mesure d’approuver le mariage. La dot permet aux proches de la future épouse de jauger des possessions matérielles de la famille du futur époux. Elle est un moment important de la cérémonie, officialisant le statut des nouveaux mariés. Dans de nombreux pays, la noix de cola représente une forte valeur symbolique pour acter l’union. Au Burkina Faso, les procédures pour les fiançailles sont les mêmes pour toutes les ethnies, seule la nature de la dot diffère. Une liste est établie. Elle peut être longue et proposer des biens de diverse nature. Chez les Peuhl, c’est une trentaine de têtes de bœufs que reçoit la famille de la future mariée. Chez les Kongo, lors du makuela, le montant minimum exigé est de 50 000 Francs CFA ainsi qu’une foule de fournitures, vivres, vêtements à remettre à la famille de la femme. C’est sur l’île de la Grande Comore que la somme à donner est la plus élevée. L’envoi même de la dot, zindrou – pouvant s’élever jusque 30 000 euros pour les filles jugées les plus « belles » – est célébré dans tout le village du vendredi au dimanche soir. Avec cela, les femmes comoriennes se voient offrir une maison. Respectées, propriétaires, si le mariage tourne court, elles ont un toit sur la tête qui leur appartient de surcroît. Au Rwanda, traditionnellement la dote consiste dans le fait de donner une ou plusieurs vaches selon le rang social et la richesse de la famille du garçon et de la beauté et le rang social de la fille. Avant, cela se justifiait par le fait que la plupart des Rwandais étaient des  éleveurs ou des paysans et la fille représentait une main d’œuvre de travail au sein de la famille. Quand un homme voulait épouser une fille, il devait donner en échange une vache qui produirait du lait  et  qui permettrait à la famille de ne pas «  perdre au change ». Mais aujourd’hui la vache représente la tradition et est souvent accompagnée de cadeaux.

De plus en plus de voix s’élèvent contre la dot. Au Mali, un article de loi datant de 1962 l’interdit purement et simplement. Avec l’arrivée du travail salarié, le mariage et la reproduction ne sont plus les seuls moyens pour une femme de jouer un rôle dans la société et d’avoir des revenus. La dot est vue comme une mise en vente voilée des jeunes filles. L’abroger reviendrait à revendiquer un peu plus d’égalité entre les sexes ? La question reste ouverte…

Par Dolorès Bakela

Édition : ROOTS n°7