HAOUSSAS : Héritiers d’une tradition conquérante

L’ origine des états haoussa prend plusieurs formes. Elle s’incarne notamment en la personne de Bayajidda ou Abou Yezid. La légende raconte qu’il serait venu d’Arabie à travers le désert et serait parvenu au Bornou puis à Daoura. Là, il aurait tué le serpent sacré qui, pendant longtemps, avait empêché les gens de Daoura de tirer de l’eau au puits local. La vieille reine de Douara, Douarama aurait alors épousé le héros, mais ne pouvant procréer, il aurait eu un fils avec une esclave. Ce premier fils, Karab-Gari, devenait de fait le premier prétendant au trône. La reine n’aurait pas supporté cela et aurait usé de magie pour enfanter. À son tour. Bawo-Gari, le fils qu’elle a eu aurait eu une descendance forte de six enfants, autant de prétendants au trône. Il se dit qu’elle aurait intrigué au point de tuer Karab-Gari afin que son engeance, Bawo-Gari et ses rejetons, puissent se partager l’empire. C’est ainsi que les sept royaumes haoussa et autant de capitales (Kano, Daoura, Gobir, Katsina, Biram et Rano) furent fondés, dans ce qui est le nord-est du Nigéria actuel.

La légende raconte qu’il serait venu d’Arabie à travers le désert et serait parvenu au Bornou puis à Daoura.

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À partir du XVème siècle, l’histoire haoussa est plus claire et précise. Entre Kano, Katsina et Zaria, une concurrence certaine s’installe, aiguillonnée par l’influence toujours plus forte de l’Empire du Mali voisin. Zaria est un centre de razzias d’esclaves, vendus ensuite sur les marchés de Kano et Katsena à destination du monde arabe. Les deux cités, bien en vue du fait de ce commerce, supplan- tent Zaria. Kano et Katsena sont deux grands centres culturels islamisés. La religion musulmane a fait son apparition dans le royaume du Kanem-Bornou, originellement établi au nord du Tchad, mais qui s’étend peu à peu et doit sa prospérité au trafic des esclaves. La traite, appelée commerce transsaharien, favorise l’expansion de l’islam. Dans la deuxième moitié du siècle de nombreuses mosquées seront construites à Kano et Katsena. Elles seront menacées par l’hégémonie du Songhaï et du Bornou et surtout du Gobir. Le chef Ousman Dan Fodio prend le pouvoir des trois cités (Kano, Katsena et Zaria) au début du XIXème siècle et y mène une guerre sainte (djihâd), aidé par les Peuls, son ethnie ce qui entraîne la création d’une nouvelle capitale, Sokoto, et la refonte d’une identité culturelle irriguée par les Haoussas et les Peuls qui y cohabitent. Ils continuent d’être alliés, puisque depuis l’indépendance du Nigéria, la coalition de ces deux ethnies a dirigé le pays. Les Haoussas continuent de représenter plus de 20% de la population au Nigéria, et près de la moitié du peuple nigérien.

Par Dolorès Bakela

Édition : ROOTS n°11