ANNE ZINGHA : La plus puissante Reine d’Afrique

De son véritable prénom Ngola Mbandi Nzinga Bandi Kia Ngola signifiant “ la reine dont la flèche trouve toujours son but “, Anna Zingha a marqué l’histoire de l’Afrique pré-coloniale en Angola. Elle mena une résistance farouche contre la colonisation portugaise dans son pays et joua également un rôle dans l’émancipation de la femme africaine.

Fille de Zingha Bandi Ngola en Afrique Centrale, huitième roi de Matamba-Ngondo, Anna Zingha était d’une beauté stupéfiante, possédait un tempérament de fer, un charisme indiscuté. Reconnue comme étant une femme très intelligente, elle est une redoutable guerrière, une excellente diplomate et une chef militaire visionnaire.

Dès son enfance, on l’a initiée aux arts de la guerre et à la gouvernance d’un État. Véritable tacticienne, redoutée pour son habileté dans le maniement de la flèche empoisonnée et pour ne jamais avoir raté sa cible, elle devint reine, en 1624 à la mort de son frère, d’un État prospère et paisible.

Son peuple était en avance sur son temps, en pratiquant des activités variées telles que l’artisanat, l’extraction minière et le commerce transfrontalier. Dans son armée et gouvernement, les femmes tenaient un grand rôle. Elles étaient de véritables amazones, savaient manier les armes et monter à cheval, et étaient rompues au combat face aux ennemis.

Anna Zingha régenta parfaitement son royaume avec la mise en place d’une administration sérieuse et des codes sociaux structurés. À titre d’exemple, sa cour qui n’était occupée que par des notables, des princes et princesses ou encore ses deux sœurs Kifunji et Mukumbu qui occupaient des postes gouvernementaux, devait toujours être impeccablement bien vêtue.

Si la Reine Anna Zingha a marqué l’histoire de l’Afrique précoloniale, cela est dû à sa résistance face à l’arrivée des colonisateurs portugais qui voulaient s’approprier les terres de son royaume. Elle mena une armée largement composée de femmes, dans une bataille sanglante, tout en ralliant des royaumes proches à sa cause pour chasser les Portugais de l’Afrique. Étant donné la tournure sanguinaire qu’avait prise cette résistance, elle accepta un cessez-le-feu et ratifia ensuite un traité de paix en 1635. C’est elle qui mena les pourparlers avec le vice-roi du Portugal Don Joao Correira Da Souza à Luanda. Grâce à son sens de la répartie, elle obtint le recul des troupes et le respect de la souveraineté du Matamba.

À la fin de la négociation, le vice-roi proposa que le territoire libre de la reine soit mis sous la protection du roi du Portugal, ce qui signifiait « le paiement d’un impôt qui consistait en la livraison de 12 à 13000 esclaves par an à l’administration coloniale ». Proposition qu’Anna Zingha refusa fermement. Elle refusa toute forme de protectorat et forma ses troupes à l’endurance, fut impitoyable face à ses ennemis et mena une lutte qui se solda par un nouveau traité de paix le 24 novembre 1657.

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Jusqu’à ses 82 ans – elle se battra pour la résistance, conduisant ses troupes au combat jusqu’à l’âge de 72 ans et les encourageant jusqu’à sa mort en 1664 – elle resta digne et intransigeante tout en respectant son peuple.

Anna Zingha est une figure de courage, d’intelligence et de résistance dans l’histoire de la femme africaine mais également de la traite négrière et du colonialisme en Afrique.

Son nom a d’ailleurs été donné à une rue et elle possède une statue à son effigie sur une place de Luanda, en Angola.

Le parcours de cette stratège modèle aurait eu toute sa place dans l’ouvrage « Prince » de Machiavel, tant elle aura marqué l’Afrique de son empreinte…