ALEXIS ONESTAS : La communication O’MAXIMUM

Contrôle d’identité s’il vous plait ? 

Je m’appelle Alexis Onestas, j’ai 33 ans, je suis d’origine marie-galantaise, une petite île près de la Guadeloupe. Je suis également directeur général et fondateur de l’agence de communication O’Maximum.

Peut-on revenir sur ton parcours ? 

À mes débuts, j’ai fait partie de l’agence Urban Act, une agence de street marketing qui est leader sur son marché. Je suis aussi passé par Royal Wear où j’ai été responsable communication Europe de la marque. Ensuite, j’ai vécu l’aventure Make It Clap avec mon meilleur ami Didier Piquionne. Durant 10 ans, nous avons organisé des concerts et des soirées d’envergure à Paris : Rick Ross, Anthony Hamilton, quasiment tous les artistes afro-caribéens majeurs de cette décennie (Admiral T, Kalash…). Je ne fais plus partie depuis 3 ans du staff de la Hip Hop Loves Soul qui a fêté ses 10 ans, mais cela reste mon petit bébé. Un bébé que nous avons réussi à amener dans des salles mythiques comme l’Elysée Montmartre, le Bataclan, le Mix, la machine du Moulin Rouge, le Yoyo

Tu as délaissé l’univers de la nuit et aujourd’hui on te voit comme l’étoile montante du milieu de la communication à Paris et au-delà. Est-ce-que tu peux nous en dire plus sur cette facette d’Alexis Onestas, l’homme de communication ?

En fait, j’ai toujours été un homme de communication qui a évolué dans la mode puis dans la nuit. Mon rôle au sein de Hip-Hop Loves Soul était bien défini : la communication, alors que Didier  s’occupait de l’organisation à proprement parler de la soirée. Nous avions chacun notre rôle.

À l’aube de mes trente ans, j’ai annoncé à mes associés que je ne souhaitais plus être un oiseau nocturne.

Par la suite, j’ai monté l’agence O’Maximum sous forme d’agence de communication mais l’identité O’Maximum existait déjà depuis 15 ans. Il y a 3 ans, c’est devenu une agence de communication spécialisée dans la musique « urbaine ». Nous réalisons des prestations de street marketing, community management, promotion et management pour des artistes internationaux, caribéens et urbains comme Joey Starr, Abd Al Malik, The Game, Alpha One, Dj Drama… On fait également beaucoup de promotion de concerts et on accompagne les artistes sur la promotion du disque en amont. L’idée est de prendre les projets en amont pour pouvoir créer de vraies choses, participer aux clips et à la réflexion globale.

La communication est un secteur qui attire du monde : étudiants, entrepreneurs… Comment as-tu réussi à te faire ce nom dans l’univers hip-hop, quelle est la « touche » Alexis Onestas ? 

En toute modestie, j’ai envie de dire que c’est l’humilité. Je suis quelqu’un qui suit de près le parcours de mes prédécesseurs américains. J’ai été un très grand fan de Damon Dash, l’ancien partenaire de Jay-Z.

D’ailleurs, c’est grâce à lui que j’ai eu un déclic car l‘erreur qu’il a commise a été de trop se mettre en avant par rapport à la véritable star qu’était Jay-Z. En effet, je ne me mets jamais plus en avant que les artistes avec lesquels je travaille et je pense que c’est un point qu’ils apprécient. On fait le boulot mais on reste à notre place, on pousse beaucoup les artistes, on les accompagne sur les interviews, on est là dans les bons comme les mauvais moments et je pense que notre touche en réalité est de se donner « au maximum », tout en sachant rester à notre place.

Tu touches également à une partie plus institutionnelle en bossant notamment avec le ministère de la culture. Peux-tu nous en dire plus ?

Je touche à une partie plus institutionnelle mais qui est toujours liée au milieu urbain et au hip-hop. Après Hip-Hop Love Soul, j’avais l’impression d’avoir fait le tour parce que dans le milieu de l’évènementiel, quand tu as touché à certains grands médias et que tu as pu faire venir de grandes personnes, tu as l’impression d’avoir touché un plafond de verre.

Aujourd’hui, j’ai décidé de pousser les portes institutionnelles mais en gardant malgré tout les codes du hip-hop. On se plaint souvent que les ministères et les institutions ne connaissent pas et ne bossent pas avec « nous ». Avec notre expérience de 10-15 ans dans ce domaine, l’heure était venue d’aller se proposer, de montrer notre savoir-faire et valoriser notre expertise. Les institutions sont en demande. Je lance – entre guillemets – une sorte d’appel à tous ces attachés de presse, ces médias et ces responsables de communication de ne plus avoir de crainte à aller vers les grands médias, les institutions ou les personnes qui ne sont pas censés « nous calculer ». En réalité, de ce que j’ai pu voir durant ces 3 ans, ce n’est pas forcément qu’ils ne veulent pas de nous mais c’est nous-mêmes qui nous mettons nos propres barrières.

Il faut faire le pas mais bien entendu il faut aussi faire preuve de patience, car vous serez confrontés à un rythme institutionnel, des codes institutionnels, des comptes rendus institutionnels… Une fois qu’on a pris le rythme, on n’a pas besoin de se travestir pour bosser avec eux car, justement, ils sont en demande de personnes qui connaissent leur domaine et sont vrais dans ce qu’ils font. Aujourd’hui, on sort d’une tournée qui s’appelle Rendez-vous Hip-Hop et qui a réuni 5 grands festivals en France : Lille, Nantes, Paris, Lyon et Marseille. L’événement a été organisé par des personnes qui connaissent le hip-hop. Il a été mis en avant par une agence de communication qui connaît le hip-hop, qui a été dans la rue via le street marketing et dans la presse via des RP gérés par une autre agence que la nôtre et qui gère aussi des projets hip-hop. Au final, on s’est tous retrouvé autour d’une table avec des budgets du ministère et le personnel du ministère à gérer un vrai événement qui ne s’appelle pas « Culture Urbaine » ou autre, mais qui s’appelle « Rendez-vous hip-hop », un nom qui est clair et sans équivoque.

Entrepreneur mais aussi enseignant puisque tu donnes désormais des cours… 

C’est quelque chose qui, j’espère, va rythmer ma vie pendant de longues années. Tous mes potes me demandaient : “Comment arrives-tu à avoir mon mail alors que je ne te l’ai jamais donné ? Comment fais-tu ci ou ça sur Facebook, sur Twitter ? Etc.” Au final, je me suis dit qu’en réunissant toutes ces questions, en prenant le temps d’écrire et de formaliser un petit peu le tout, je pourrais en faire un business.

J’ai fait comme les anciens, j’ai réuni tout ça sur une feuille, j’ai écrit un semblant de cours et, dans mon bureau, j’ai commencé à donner des cours de 2 heures tous les jeudis à des personnes qui souhaitaient avoir des conseils et des méthodes de communication : Les ateliers de la com.

Cela fait maintenant 2 ans que je dispense mes cours. Par la suite, j’ai rencontré Jean-Marc de la Place et le Centre Culturel Hip-Hop qui a ouvert ce printemps 2016 m’a proposé de donner des cours en retravaillant la forme et le contenu pour qu’ils soient plus consistants.

En parallèle, la mairie de Paris et le Centre Culturel du Sénégal m’ont envoyé donner des cours au Sénégal à 80 personnes pendant une semaine. Ce fut une expérience magique !

Comment as-tu vécu cette expérience africaine ?

J’avais une double fierté. Premièrement, je n’avais jamais été en Afrique noire, donc le fait qu’on m’emmène là-bas pour y donner des cours était juste extraordinaire d’un point de vue personnel. Je me suis rendu compte que les gens ont apprécié mes cours, ils étaient supra motivés à apprendre et presque toutes les personnes à qui j’ai donné des cours m’ont contacté par la suite via mon Facebook, on échange, etc.

Deuxièmement, j’ai aimé cette aventure, le fait d’enseigner, j’en garde un bon souvenir et je dialogue toujours avec le centre. J’aurais pu y aller en prenant ce challenge par dessus la jambe, mais j’ai préparé les cours à fond, je me suis renseigné au préalable sur les différents réseaux sociaux qui sont là-bas, les plus utilisés…

Si tu avais un conseil à donner à un jeune qui souhaiterait se lancer dans la communication ?

Je donne toujours le même conseil : « Lancez-vous ».  J’ai créé il y a 16 ans un fanzine, une sorte de magazine avec des feuilles agrafées entre elles, en noir et blanc, bizarre, avec des mises en page faites sur Word, avec des photos scannées, c’était quelque chose qui avait une forme très étrange et qui s’appelait déjà O’ Maximum. 16 ans plus tard, je vis et je fais vivre des personnes par rapport à ce qu’est devenu ce petit bout de papier bizarre.

Aujourd’hui, le problème des jeunes est qu’ils sont trop liés aux résultats instantanés des réseaux sociaux.

La chance que l’on a eue quand on a lancé nos activités respectives est qu’on n’avait pas cette épée de Damoclès sur la tête. Si j’avais lancé O’ Maximum aujourd’hui, j’aurais surement 4 likes et 3 partages. Tout le monde se serait dit « mais c’est nul ton truc » et je n’aurais pas continué. J’ai l’impression que les jeunes sortent des projets mais, si dans l’année cela ne fonctionne pas, laissent aussitôt tomber. Alors qu’au final, avant 5 ans, tu ne peux pas savoir quelle sera la véritable forme de ton projet. Prenons Apple qui à la base n’était pas censée faire des ordinateurs ou des téléphones et c’est ce qui aujourd’hui fait leur chiffre d’affaires. Moi, je suis passé par la mode, les soirées, le street marketing et aujourd’hui je suis dans la communication alors qu’à la base j’étais un média. Tu ne sais pas de quoi est fait l’avenir, il faut juste continuer, donc… Lancez-vous !

Si je te dis le mot « ROOTS » qu’est-ce que cela t’évoque ? 

J’ai envie de dire « modèle à suivre » parce que c’est ce qui manque à notre communauté. Il ne faut pas oublier que nous sommes la génération qui avons vu le premier présentateur noir de JT à la télévision et ce n’est pas si loin que ça.

Quand un magazine comme le vôtre dure 5 ans, il ne faut pas penser que c’est anodin. Pour un petit qui a 5 ans aujourd’hui, c’est normal qu’il y ait ROOTS, mais pour notre génération de trentenaire, on avait soit le tennis, soit le rap car les modèles à suivre étaient Yannick Noah ou Joey Starr. Aujourd’hui, c’est normal pour ce petit garçon de te voir là, assis derrière ton bureau à gérer Roots ou de voir Harry Roselmack à la télévision, donc je dirais  : modèle à suivre dans tous les sens du terme.