ABDOULAYE SIDIBÉ : La transmission par l’entrepreunariat

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Je suis Abdoulaye Sidibé, 32 ans, marié, 3 enfants, entrepreneur. J’ai fondé et dirige actuellement 3 structures :

– Un organisme de formation, LA ROUE BLEUE, dont le but est de former dans les métiers liés au développement informatique et aux technologies de l’information et de la communication.

– Un cabinet de conseil en management et marketing sportif : WORKINGFIT.

– Enfin, Muscle & Beauté Fitness (MB FITNESS), une salle de remise en forme spécialisée dans la préparation physique à Aubervilliers qui me permet d’allier ma passion pour le sport et mon côté entrepreneur, à travers une franchise  indépendante du réseau Vita Liberté.

Parlez-nous de vos débuts d’entrepreneur…

Je suis un entrepreneur-né. Déjà très jeune, j’ai su qu’être généreux, ça payait. À 7 ans, je pensais déjà à épargner quand mes camarades jouaient aux billes (rires). Par exemple, lorsque je voyais une personne âgée avec des courses, je lâchais ce que j’étais en train de faire et je courrais pour être le premier à aider pour monter les étages, c’était pour moi une opportunité et cela m’a valu mes premiers francs. À l’âge de vingt ans, alors que j’étais encore en cours, j’ai ouvert ma première boîte, FORMAPRO CONTINUE – un centre de formation spécialisé dans les métiers du commerce, de la comptabilité et de la relation client à la Tour Pleyel, à Saint-Denis.  J’ai voulu offrir la chance à un maximum de personnes d’être formées, de monter en compétences et d’être plus compétitives dans le monde du travail. Malheureusement, beaucoup dans notre environnement sont confrontés au plafond de verre. L’un des leviers pour passer le cap et augmenter son employabilité est de se former. Après cette première aventure, je me suis posé, j’ai dû fermer mon centre de formation et je suis rentré dans le salariat pour stabiliser ma situation. Je venais de rencontrer mon épouse et j’avais d’autres projets. Je ne me voyais pas jouer mon rôle d’époux en étant dans l’entrepreneuriat car, à mes yeux, trop risqué et, surtout, j’estimais à ce moment précis de ma vie ne pas être en mesure d’assurer un bon équilibre vie pro/vie perso. Néanmoins, je n’oppose pas l’entrepreneuriat et le salariat, c’est pourquoi après 7 ans de bons et loyaux services dans l’industrie, j’ai décidé de rebondir et fonder LA ROUE BLEUE, pour accompagner les parents des élèves en échec scolaire à travers des dispositifs tels que les programmes réussites éducatives, et intervenir dans les collèges et lycées de la région parisienne. Début 2015, un jour, alors que j’échangeais avec mon ami d’enfance Moussa Camara, Président de L’association cergyssoise Agir Pour  Réussir, ce dernier me parla d’une initiative qu’il voulait lancer avec le MEDEF, présidé à l’époque par Pierre Gattaz. L’objectif était d’aider et encadrer les jeunes des quartiers populaires qui souhaitaient entreprendre. Cela a fait échos en moi et j’ai donc candidaté pour  faire partie de la première promotion qui s’appelait à l’époque “Formation Audace Créative”. On a renommé la formation “Les Déterminés  car c’était à nos yeux le terme le plus approprié, et celui qui nous caractérisait le mieux. Cette formation gratuite est partie de la vision de connecter l’écoystème entrepreneurial à ceux qui en étaient les plus éloignés de par leur situation sociale ou géographique.

La transmission et la formation semblent être un fil conducteur de votre parcours ?

Ce n’est pas un secret, ceux qui me connaissent savent que c’est mon moteur. Si je ne peux pas transmettre, je ne suis pas bien. J’ai été élevé comme ça, je suis fait de ce bois-là. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de réussite sans travail. Tout ce qui concerne l’éducation, la formation, la transmission et le partage me parle. Ce sont des choses qui m’animent non pas pour l’argent mais parce que j’aime cela et j’en ai besoin. Par exemple, aujourd’hui, un jeune que je recrute dans ma salle de sport peut débuter à l’accueil, ensuite je vais le former aux métiers de la communication, à la relation client, etc, afin qu’il monte en compétences. Vous savez, j’ai pratiquement une dizaine d’années dans le domaine des ONG et du codéveloppement en Afrique, j’ai été à la tête d’une  fédération d’associations de migrants maliens… J’ai pu nouer des partenariats, mettre en place des activités génératrices de revenus dans des villages reculés, organiser et mettre en place des coopératives de femmes en milieu rural…  Bref, j’ai toujours été un homme de terrain et de relations humaines.

Que représente le Mali pour vous et votre futur ?

Le Mali est le socle de toutes mes valeurs, traditions et coutumes. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir, Dieu merci, des enfants et on veille à ce qu’ils ne perdent pas cela, que ce ne soit pas dilué. Ils sont nés en France, ils sont Français, mais on a une culture, une gastronomie, une façon de faire qui est bien de chez nous et qui est riche. Je mets un point d’honneur à les leur inculquer. Concernant mes activités, dans quelques années, je veux et je monterai une école spécialisée dans les métiers de l’agriculture pour former les autochtones aux nouvelles techniques modernes agricoles, en utilisant le levier du numérique. Comment maîtriser la chaîne des valeurs d’une filière comme le coton, faire monter en compétences nos frères, etc ? J’ai investi dans 12 hectares et l’idée est de mettre en place une ferme pilote où je pourrai à la fois faire de l’élevage, de la pisciculture et créer de l’emploi localement.

Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?

Je suis originaire de la région de Kayes, comme la plupart des Maliens présents en France. Il y a eu une coopération centralisée entre la région de Kayes et la région d’Île-de-France, ce qui explique pourquoi on vient presque tous de là-bas. La plupart sont Soninkés, pour ma part je suis à la fois Soninké et Peulh. ROOTS me fait penser à mes origines, à l’authenticité.

Édition ROOTS n°21 – Spécial Mandé

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